En
1794, pendant une période de la Révolution française que l'on appela la
Terreur, la Guillotine, dans son périple parisien arrive place de la
Nation. (Place du trône renversé) C'est là que furent guillotinées du
14 juin au 27 juillet plus de la moitié des victimes de cette période,
soit un peu plus de 1300 personnes âgées de 14 à 90 ans, de toutes
conditions sociales, Parisiens ou provinciaux ramenés tout exprès dans
la capitale.
Les
victimes dans leur majorité furent des gens du peuple, mais il y eut
aussi des nobles, des militaires, des magistrats, des prêtres, des
religieux et religieuses.
C'est
ici que furent exécutées les Carmélites de Compiègne qui, à l'image
du Christ offrirent à Dieu le sacrifice de leur vie et montèrent à l'échafaud
puis moururent en chantant des cantiques.
Ils
furent tous condamnés par un tribunal révolutionnaire sur des motifs
souvent futiles, surtout considérés comme coupable de délits d'opinion
pour n'avoir pas souscrit aux idées nouvelles partagées par certains
auteurs de la Révolution française.
Leurs
cadavres étaient jetés la nuit dans les fosses communes de ce cimetière
de Picpus, et tout sera fait par la suite pour que ces tragiques événements
tombent dans l'oubli.
Après
la Révolution trois soeurs de la famille des Noailles voulurent retrouver
le lieu où leur mère, comme d'ailleurs leur grand-mère et leur soeur
avaient été enterrées après leur exécution.
Elles
retrouvèrent l'emplacement des fosses communes grâce à
l'aide d'une jeune fille, mademoiselle de Paris, qui avait réussi
à repérer l'itinéraire des charrettes emportant les corps des suppliciés.
Cet endroit avait été entre temps acheté et clos de murs par la
Princesse Hohenzollern, soeur du Prince de Salm qui figurait également
parmi les victimes.
Madame
de Montaigu prit alors conscience avec ses soeurs que tous ces malheureux
avaient été enterrés à la hâte, sans aucun service religieux, et que
personne ne viendrait jamais plus se recueillir sur leur tombe.
C'est
la raison pour laquelle elles firent le projet d'un lieu consacré au
recueillement et à la prière, qui prit forme par l'achat des terrains
entourant les Fosses Communes et à la construction d'une chapelle. Puis
on sollicita un ordre religieux, les Soeurs de la congrégation des Sacrés
Coeurs de Marie et de Jésus de l'Adoration Perpétuelle, afin qu'une prière
perpétuelle s'élève en faveur des suppliciés.
Comme
l'ont voulu les fondateurs l'on prie ici, dans ce lieu de mémoire non
seulement pour les victimes, mais aussi pour leurs bourreaux, victimes eux
aussi d'une des premières manifestations du totalitarisme opposé à
toute dignité humaine. Picpus est également un lieu de méditation et de
pardon pour les excès d'hommes égarés par les idéologies matérialistes
et donc, avec la participation de la Congrégation des Soeurs, un lien
d'amour des hommes et de la confiance dans l'avenir. |